Interprète - Reine des mouches

Justine Lou
Dhouailly



Textes écrits au printemps 2021 par Anaïs Heluin, pour un projet développé entre septembre 2020 et juin 2021 dans le cadre de la formation supérieure.

Biographie

Française, née en 1992. Formée en tant que comédienne à l’École des Enfants de la Comédie,
Justine Lou Dhouailly fonde en 2011 avec six autres artistes la Compagnie Plante un regard. Elle y pratique essentiellement l’écriture de plateau et le clown. Elle monte en 2015 sa première création, la Biche au Bois, un spectacle performance mêlant musique live, théâtre et installation plastique. Elle ouvre ensuite sa pratique à l’espace public en menant durant deux ans, à partir de 2017, un projet de territoire auprès des habitant·e·s de Rennes en collaboration avec la plasticienne Cécile Demessine. En parallèle, elle travaille avec le collectif Molossol dont la recherche mêle poésie en prose et musique amplifiée, en salle aussi bien que dans la rue. Son goût pour le mélange des disciplines l’amène aussi à travailler sur
de petites formes documentaires, cinématographiques ou sonores.

Après de nombreuses expériences en collectif, Justine Lou Dhouailly aspire à développer un langage personnel. L’esthétique qui l’intéresse étant fortement relationnelle, c’est à partir de l’espace public qu’elle décide de la penser. La FAI-AR lui offre la possibilité d’affirmer ses recherches, qu’elle axe sur la présence après avoir approché plusieurs disciplines – le théâtre en premier lieu, puis le cinéma, la musique, les arts plastiques – qui viennent toutefois nourrir son univers.

 

Retour sur le projet personnel de création

Pendant l’écriture de son projet personnel de création, Justine a été accompagnée par
Maxime Pottard, metteur en scène et comédien (Détachement International du Muerto Coco).

À son entrée à la FAI-AR, Justine envisageait de travailler sur un projet de veillées itinérantes. Avec la Covid 19, le rapport au public est limité, les veillées sont interdites. Elle cherche dès lors à développer un espace de partage qui pourrait jaillir furtivement n’importe où et n’importe quand de sa voiture.
Les performances qu’elle propose se construisent autour de la notion de « lisière ». Elle invite les spectateur·rice·s à habiter cet entre-deux, à chaque fois différent, cet espace-temps qui déborde de sa voiture et se construit dans le présent.
On assiste à une suite de métamorphoses, un univers sensible à mi-chemin entre le vivant et l’inerte, l’humain et l’animal, le rêve et la réalité. Ces actions qui nous placent dans un état de présence particulier prennent une forme concrète, plastique : celle de créatures faites de matières organiques, de paille, de toison de mouton ou encore de glaise, qui sont pour les humains des outils de jeu avec le rapport au réel.
Alors qu’elle s’était surtout confrontée jusque-là à des espaces qui capturent et régissent les corps – parkings, hypermarchés… -, Justine Lou Dhouailly souhaite avec cette création pouvoir faire jaillir son univers dans tous types de lieux. À condition qu’elle puisse les fréquenter, y collecter au préalable des sensations qu’elle pourra retraduire ensuite à sa manière horizontale. En mettant sur un même plan la matière, le corps, la musique et les mots. Proche de la logique du rêve autant que du rituel, l’espace-temps qu’elle compose se métamorphose à vue.