danseuse auto-gérée

Zoé
Pannier



Zoé dit mamoute ; c’est une histoire simple comme une biographie. Années après années, elle grandit. À l’âge de ces cinq ans, elle commence la danse et la musique, comme tout enfant ces activités sont avant tout une grande partie de joie et de découvertes.
Cela se passe dans un conservatoire en région parisienne. Ses parents l’obligent / l’éduquent / lui font faire du vélo, du tennis, de la course à pied, des grandes randonnées, du bateau et des promenades nocturnes dangereuses.

La chance lui tombe dessus lorsqu’elle rentre dans un lycée parisien dans lequel ses activités artistiques deviennent centrales, elle est en horaires aménagés.
Début d’un professionnalisme naissant, de plus, elle entre dans un cursus intensif créé par le conservatoire de Paris. Ce cursus est quelque peu alternatif puisqu’il permet d’accéder à une panoplie de pratiques en lien avec la danse et parallèlement de la pratiquer intensément.

C’est à ce moment crucial qu’elle rencontre la création artistique et le travail en collectifs et compagnies qui l’ont captée et la capturent encore aujourd’hui il semblerait.
De là, va naître en elle cette nécessité de créer. Qu’est-ce que créer ; sinon d’organiser nos existences qui sont la vie, les pensées, les mots, les gestes, les lieux et les personnes avec lesquelles on est pour vivre heureuse et heureux.
L’évidence d’une concordance des arts et des pensées la mènent à expérimenter des formes de créations et des formes de modes de vie qui semblent être intrinsèquement liées.
Elle dit qu’il faut rire avant tout.

K.O – s p o r t

K.O – s p o r t est le Projet Personnel de Création porté par Zoé, entre septembre 2022 et juin 2023, dans le cadre de la formation supérieure.
L’interview ci-dessous a été réalisée et retranscrite en juin 2023 par Julie Bordenave.



Quand as-tu commencé à danser en espace public ?
QQuand je découvre la rue à 20 ans, au sein de compagnies et collectifs de rue, le rapport au public m’y bouleverse ! Je danse et je regarde les gens, il s’y produit un échange direct et nécessaire…
Durant le confinement, j’ai monté un collectif pour pouvoir continuer de danser. Durant deux ans, nous avons investi des bâtiments en région parisienne, à la recherche de grands espaces pour y installer des studios et des laboratoires. Un micro-monde ! Parallèlement, j’ai commencé à agir dans la rue, une manière de repolitiser des événements sociaux. À l’issue de cette période, j’appréhende la FAI-AR avec l’envie de repenser ma pratique, animée par la question : comment danser et faire danser l’espace « du public ».

Tu décides alors de mettre cette pratique en jeu autrement, dans un projet immersif : le K.O – s p o r t !
Rapidement a émergé l’envie de faire bouger les gens et de transmettre une énergie. Inventer un sport c’est un prétexte, l’idée est de créer collectivement un jeu improvisé sans règle prédéfinie, avec l’envie de décaler les codes ! Les participant·e·s deviennent des joueur·euse·s : ils et elles revêtent des chasubles, et commence alors un cours de sport qui s’engage sur le terrain de l’improvisation. Avec mon équipe, nous incarnons des entraîneur·euse·s du K.O — s p o r t, et de ce cadre découle un fil rouge fictionnel. De concert avec les participant·e·s, on transforme, on crée, au-delà des normes et gestes sportifs connus… Un univers chorégraphique et musical englobe l’expérience.

Il ne s’agit donc pas d’une mystification ?
Non, le décalage apparaît dans notre gestuelle, notre apparence, notre langage. Il s’agit de jouer avec une présence poétique, drôle et énergique, de rebondir sur les situations, avec beaucoup d’écoute et d’auto-dérision. Le jeu se crée avec ce qui se passe, l’énergie des participant·e·s et leur disponibilité physique. Chaque session dure entre 1h et 1h30, pour environ entre 20 à 80 participant·e·s. Les joueur·euse·s peuvent décider de regarder, et deviennent alors des supporter·rice·s.

Dans quel contexte le proposer ?
Nous avons déjà infiltré gymnases, écoles, stades, écoles de danse, grandes halles… À l’avenir, je rêve d’organiser des Jeux contre-Olympiques, de faire une tournée dans les stades municipaux en ruralité, d’imaginer des dérives avec les membres de l’équipe dans l’espace public, d’initier des échauffements en plein air, dans des parcs, sur des places…
Au-delà du one-shot spectaculaire, j’aimerais aussi suivre un groupe sur plusieurs mois, pour créer un sport, inspiré et dérivé du K.O — s p o r t mais qui s’écrirai avec les personnes participantes.

Présentation vidéo du projet

Interview et captation vidéo réalisées lors des Esquisses, en juin 2023.
Ces Esquisses sont des présentations de maquettes des Projets Personnels de Création menés pendant la formation supérieure de la FAI-AR.