Chorégraphe performeur

Pierre-Benjamin
Nantel



Pierre-Benjamin Nantel, chorégraphe, performer et chirurgien-dentiste, vit et travaille entre Marseille et et Aubervilliers. Du studio de danse au cabinet dentaire, du corps des patients aux corps des spectateurs, Pierre-Benjamin Nantel place son action à l’endroit d’un engagement citoyen dont les enjeux spécifiques varieront nécessairement selon les contextes, les lieux, les corps.
Après dix années d’apprentissage du karaté, il s’initie à la danse contemporaine en 2006 par le biais de l’atelier chorégraphique mené par Hélène Paris à l’Université de Rennes. Parallèlement, il obtient son doctorat en chirurgie dentaire et exerce dans différents cabinets.

Entre septembre 2015 et juin 2017, Pierre-Benjamin Nantel partage ses recherches et expérimentations au sein du master Exerce à ICI-CCN de Montpellier. En janvier 2018, il crée à Avignon l’association Full Gop qui regroupe ses différentes activités artistiques ( création, ateliers, recherche, édition). Celle-ci est lauréate pour l’année 2019 de l’appel à projet Tridanse et est accompagné dans sa structuration par le CDCN les hivernales à Avignon.

Durant la pandémie de Covid 19 l’artiste choisit de s’engager à temps plein dans son activité de soignant au sein du centre croix rouge Haxo du 20ème arrondissement de Paris.
Ce moment particulier lui a permis de prendre conscience des liens qui existe entre soin, relation interpersonnel et création in situ. Aussi, en septembre 2021 il intègre la FAI-AR (Formation supérieur d’art en espace public) à Marseille afin de se former à de nouveaux outils, développer sa pratique et se redonner le temps de la recherche


Bunkai station X

Bunkai station X est le Projet Personnel de Création porté par Pierre-Benjamin, entre septembre 2022 et juin 2023, dans le cadre de la formation supérieure.
L’interview ci-dessous a été réalisée et retranscrite en juin 2023 par Julie Bordenave.



Quand rencontres-tu l’espace public ? 

Durant mon master Exerce, une résidence menée à l’Atelline s’est transformée en projet de territoire durant un an. J’y ai lancé le dispositif Danse invisible, qui pose les bases de ma recherche actuelle. En est issue Paupière, une pièce pensée pour deux spectateur·rice·s à l’avant d’une voiture à l’arrêt : le pare-brise pose le cadre, et un jeu d’ouverture et de fermeture de paupières crée des ellipses permettant de me voir danser à différents endroits de l’espace public. J’entre à la FAI-AR avec l’envie d’explorer davantage ces formes, la thématique du·de spectateur non convié·e mais aussi la question du don / contre-don : comment redonner, mettre en perspective et dialoguer avec le chorégraphique d’un territoire ? Durant le cursus, j’ai établi un processus de travail dans trois stations de transports — à Marseille, Aubervilliers et Clermont-Ferrand — autour de la notion de « faire station » — dans le corps, dans l’urbain, dans la vie. En résulte une écriture chorégraphique contextuelle, assortie d’un travail de composition sonore à partir du lieu, en technique binaurale.

Les chorégraphies sont-elles aussi inspirées du contexte ?

Le titre Bunkai station X fait référence à l’interprétation d’un kata. Le mot japonais bunkai signifie « analyser, décomposer ». Comment passer d’une station dans le corps à une station dans l’espace urbain ? Mon héritage corporel intègre une pratique martiale, des mouvements qui viennent très légèrementdécaler le quotidien. En filigrane, il est question de la manière dont un espace se défend. Comment se positionner en tant qu’allié d’une lutte, dont je ne suis pas le dépositaire ? L’écriture intègre des moments d’arrêt, mais aussi des moments plus saccadés… Et toujours ce jeu entre présent et passé, gestuelle issue aussi de l’observation in situ en direct et jeux de points de vue, comme une réinterprétation en temps réel.

La station des spectateur·rice·s est-elle pensée elle aussi ? 

C’est l’un des points de départ, qui fait pleinement partie de la notion d’Unevent : le terme désigne des performances qui ne font pas événement au-delà d’elles-mêmes. Or souvent dans l’espace public, les spectateur·rice·s assemblé·e·s font événement avant-même que le spectacle ne démarre ! Un tas de stratagèmes sont possibles pour l’invisibiliser. Je vais pour l’instant chercher à affirmer cet espace de co-adresses et co-présences sur un territoire. Je travaillerai ensuite à la manière de faire voyager ces créations dans le temps, par le biais d’objets édités ou téléchargeables.

Présentation vidéo du projet

Interview et captation vidéo réalisées lors des Esquisses, en juin 2023.
Ces Esquisses sont des présentations de maquettes des Projets Personnels de Création menés pendant la formation supérieure de la FAI-AR.