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Tragédienne-enquêtrice

Pauline
Murris



Après plusieurs années passées nourrir une vie fictive et intérieure dans les bibliothèques et les cinémas (études de philosophie du cinéma autour de la série Twin Peaks de D. Lynch), Pauline décide d’infiltrer l’antre de la fiction grandeur nature : la salle de théâtre.
Elle se forme comme comédienne à l’ESAD à Paris, et à l’Academia Silvio d’Amico à Rome. Au théâtre, elle travaille comme comédienne avec J. Moreau, E. Amsellem, L. Gonzalez et A-D. Monnerville, I. Mendjisky ou encore C. Guerrin.

Frustrée par la sociologie du public du théâtre de salle, elle part à la recherche de nouveaux terrains de jeu. Plages, parcs, places de village, hôpitaux, maisons de quartier, prison…elle co-écrit et joue des petites formes qui cherchent à ouvrir des espaces de fiction dans le réel / inventer un nouveau rapport au public / proposer de nouveaux récits, autour de « l’émancipation par le départ ».

Elle est titulaire du diplôme d’état de professeur de théâtre.

Se Sauver

Se Sauver est le Projet Personnel de Création porté par Pauline, entre septembre 2022 et juin 2023, dans le cadre de la formation supérieure.
L’interview ci-dessous a été réalisée et retranscrite en juin 2023 par Julie Bordenave.



Quand te vient le goût de l’espace public ?
Je m’intéresse depuis longtemps à des récits de femmes qui s’échappent, bifurquent et se retrouvent sur les routes, remettant en cause de manière radicale un certain nombre d’injonctions sociétales et patriarcales. L’appel de l’espace public est né d’une frustration vis-à-vis de la sociologie du public de théâtre de salle, mais aussi du besoin de donner à voir et à entendre ces témoignages, sans les enfermer dans une boîte noire. Se sauver est la continuité d’une série d’explorations menées sur des plages, dans des parcs, sur des places de villages… Autant de lieux qui offrent une disponibilité propice à la rencontre, idéale pour traiter de la question de l’émancipation par le départ. Je suis aussi entrée à la FAI-AR en me demandant comment faire exister la littérature dans l’espace public, créer des conditions d’écoute tout en m’adressant à un public non convié.

Pour lui donner la possibilité d’interagir avec des personnages de fiction ?
J’ai toujours rêvé de vivre dans un film ! À la FAI-AR, j’ai affirmé mon désir de faire de l’espace public le décor d’un film grandeur nature, dans lequel le·la spectateur·rice puisse interagir avec des personnages de fiction, via des modalités de rencontres plus ou moins intimistes, participatives, implicatives… Je me suis construite grâce à des figures inspirantes, issues de films ou de livres, que j’aurais adoré rencontrer. D’où mon envie de créer des personnages à forte théâtralité : une mariée en fuite, une voyageuse sur le départ, une gestionnaire en crise. Ces trois archétypes, à vertu cathartique, permettent d’explorer différents registres, en termes de jeu et d’esthétique, mais aussi différents rapports au départ.

Comment imagines-tu les protocoles de rencontre ?
Il s’agit d’abord d’interpeller un public non convié par des images fortes et insolites : c’est la petite étincelle qui crée le désir de partage. Ensuite, chaque comédienne mobilise ses propres outils pour proposer des protocoles de rencontres : une comédienne, clown qui aime revisiter les codes du cabaret, une comédienne amoureuse des mots et une circassienne, experte en dérives acrobatiques. Un troisième temps, plus collectif et spectaculaire, sera dédié à la rencontre entre ces trois femmes, et au récit de leurs aventures vécues sur un territoire. J’imagine déployer ce projet sur au moins trois jours, précédé d’un effet d’annonce – tractage, affichage, rumeur… – pour éveiller la curiosité et attiser l’attente. J’aimerais privilégier les espaces déjà investis par une forme de régularité et d’usages, dans lesquels il sera possible de s’immiscer. Le pacte doit être clair dès le début : il s’agit d’une fiction. J’ai une foi immense en la fiction, dans ce qu’elle peut créer chez le public qui consent à jouer avec nous. Elle libère et autorise, tout en amenant un décalage. C’est une planque précieuse pour aborder des sujets intimes, un détour délicieux pour se questionner collectivement !

Présentation vidéo du projet

Interview et captation vidéo réalisées lors des Esquisses, en juin 2023.
Ces Esquisses sont des présentations de maquettes des Projets Personnels de Création menés pendant la formation supérieure de la FAI-AR.