Metteure en scène et comédienne insouciante

Juliette
Hecquet



Fille de traducteur.ice.s, Juliette Lalaniaina Hecquet grandit à Levallois-Perret et passe ses étés au Festival d’Aurillac.

Elle se forme en tant que comédienne en conservatoire à Paris et obtient un Master de Médiation Culturelle à l’Université Sorbonne Nouvelle. En 2015, elle co-crée le festival « 48h en scène! » qui propose à six jeunes compagnies de créer une pièce en 48 heures. Quelques années plus tard, elle monte la compagnie Notre Insouciance où elle met en scène le spectacle Et Ils Croivent qui fait ses premiers pas à Aurillac, Chalon dans la rue et le festival de Ramonville. Elle crée par la suite ON SE PERD PAS DE VUE MON AMOUR, opéra théâtral pour la rue avec 11 artistes au plateau, puis ROSE inspiré de la bande dessinée La Rose la plus rouge s’épanouit de Liv Strömquist. Chacun de ses spectacles est l’occasion d’unir la personnalité et l’univers de chaque comédien.ne afin de repenser le monde actuel collectivement, avec ironie et amour. Dans chacune de ses démarches, elle considère la scène comme un lieu où « tout est possible ». Expression inspirée de Valéry Forestier lors d’un stage de L’Aria Corse dirigé par Robin Renucci.

Et si jamais elle devait mentionner toutes les personnes qui l’ont inspirées avant son entrée à la FAI-AR, elle ne manquera pas de citer la Compagnie Adhok, le Collectif du Prélude, Cultures du Coeur, la Halle Papin, le Printemps des Rues, la FERUE, Poupette et Cie, et bien sûr, sa famille, ses proches et des rencontres impromptues.

JOUIR

JOUIR est le Projet Personnel de Création porté par Juliette, entre septembre 2022 et juin 2023, dans le cadre de la formation supérieure.
L’interview ci-dessous a été réalisée et retranscrite en juin 2023 par Julie Bordenave.



Avec quels désirs as-tu abordé la FAI-AR ?

J’avais pour habitude de travailler avec ma compagnie mais je nourrissais beaucoup de curiosité pour les autres champs des arts de la rue, comme les œuvres plastiques, performatives ou chorégraphiques… J’y ai aussi affirmé un goût pour l’écriture, la bande dessinée tout terrain et découvert la vertu de certains outils, notamment d’éducation populaire, pour faire groupe afin de faire circuler les idées et la parole à plusieurs.

La parole tient une place importante dans ta pratique. Comment la manies-tu pour aborder le sujet de la jouissance féminine ?
Je m’intéresse beaucoup à l’écriture de « textes parlés » qui s’inspirent du plateau ou de scènes de vie. Je me suis également penchée sur l’énergie des comedy club comme forme fédératrice, tant dans les salles que sur les réseaux sociaux. L’humour est une forme d’intelligence incroyable ! C’est ce que je cherche en abordant cette thématique, à la fois politique et intime, parfois taboue. La jouissance, c’est une acceptation de ses propres sensations au point culminant de lâcher prise, une forme d’amour de soi qui ne peut pas trahir. De manière plus globale, le sujet traite aussi de la question des normes – de genre, de beauté… Dans cette aventure collective, nous apprenons de nous-mêmes et des autres et ça rejaillit sur la création. Notre Insouciance, c’est aussi partir de ce que nous ne savons pas et offrir au public les clés dont nous disposons, pour ensemble réfléchir et se déplacer. L’envie de parler d’un sujet si intime à 300 personnes naît d’un désir d’émulation collective, d’une envie de décloisonner la parole à plusieurs en s’identifiant à une énergie de groupe.

Quel est l’enjeu de porter une thématique aussi intime dans l’espace public ?
Je vois le théâtre de rue comme une rencontre, à mon sens c’est le public, quelqu’il soit, qui crée le contexte et les occasions d’y faire événement. J’aime les festivals, la présence de spectateur·rice·s disponibles, d’autres de passage. Aussi, j’aime l’idée de proposer un moment de partage joyeux au sein de lieux qui sont déjà des endroits de vie tels que des tiers-lieux, des centres associatifs, des jardins… C’est là que se situe mon rapport à l’espace public : dans la manière de renouer avec un espace par nos présences, par la vie qu’on y insuffle. Il ne s’agit pas de provoquer, ni d’imposer ou d’empiéter, afin de laisser toute liberté au public. Parce que j’ai grandi avec des rêves de spectacle de rue, je suis très attachée au format « spectacle », mais il me tarde de continuer mon parcours post-FAI-AR, habitée par de nouvelles façons de créer pour/avec l’espace public.

Présentation vidéo du projet

Interview et captation vidéo réalisées lors des Esquisses, en juin 2023.
Ces Esquisses sont des présentations de maquettes des Projets Personnels de Création menés pendant la formation supérieure de la FAI-AR.