Danseuse volubile

Sara
Andrieu

Souvent je dis “je suis danseuse de formation”. C’est ma petite phrase fétiche pour m’introduire en ne disant trop rien. Si ce n’est poser un contexte: il y a eu la danse quelque part. Et puis après faut se laisser porter c’est du hors piste.

En effet il y a eu la danse au début, assez intensivement d’ailleurs. Au conservatoire d’Avignon, puis à l’Ecole Nationale de Danse de Marseille et enfin au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon jusqu’en 2022. Il y a eu un travail d’affûtage d’outils d’interprète. Il y a eu un grand engouement pour le jeu, pour l’écoute aux autres corps et pour la musicalité. Le modelage d’un corps disponible et réactif de danseuse contemporaine.

C’est au cours de mon cursus au CNSMDL que je rencontre Fanny Martin (flûtiste) avec qui j’entame dès 2021 un travail de création, Assises, un duo flûte et danse auxquelles se greffent texte, chant et théâtre; et avec qui je poursuis d’étroites collaborations textuelles, musicales et dansées depuis.

L’appétence pour les mots et la voix, et le sentiment d’être un peu étriquée dans mon corps-dansant accompagnent mes premiers pas hors de l’école.

C’est dans cet élan là que je rencontre en juin 2022 celleux qui composeront l’équipe du collectif Les Grimpantes que je co-fonde avec Marianne Lang (biologiste végétale), Eva Habasque (artiste scénographe) et Armance Merle (flûtiste traversiste). Pendant trois ans, nous créons performances, spectacles et expositions transdisciplinaires qui questionnent nos rapports sociétaux ambigus à ce qu’on appelle “la Nature”. Accompagné.es de collaborateurices varié.es (foire paysanne, Conservatoire d’Espace Naturel, laboratoire de recherche, écoles, MJC, Université, ferme urbaine), nos axes de recherche artistique nous mènent à créer et performer en espaces non-dédiés et végétalisés.

Dans ces créations, j’écris, je joue, je chante, je tronçonne, je construis et parfois je danse.

En parallèle de cet apprentissage riche de gestion de collectif et de création de projets, je participe volontiers à des projets collectifs: podcast La Jeunesse au Micro par MATM (asbl Belge) avec une classe de MENA ( mineur·es étranger·es non accompagné·es), documentaire J’aurais dû lui cracher au visage de Liloé Duchesne sur la colère et la confrontation, stage en chèvrerie, périples militants à vélo de l’association Relais Jeunes.

Je prends très vite goût à faire des choses à plusieurs et à les faire dehors de préférence.

C’est dans cette optique que j’intègre la FAI-AR en septembre 2025, immanquablement marquée par la sensibilité aux végétaux développée avec les Grimpantes, poursuivant ma démarche de décloisonnement et d’hybridation de ma pratique artistique à d’autres pratiques, et à des collaborateurices aux parcours et professions variés.

Les plantes grimpantes dites “volubiles” s’enroulent en spirale autour des corps voisins et des supports qu’elles rencontrent.
Enrouler, spiraler, rencontrer.
Voilà donc un programme qui me parle.