
Musicien et metteur en scène Chapitaliste
Louis
Lubat
Louis est né et a grandi à Uzeste (c’est en partie un petit mensonge, mais il en faut bien dans une biographie digeste, alors disons plutôt que c’est un raccourci).
Il a appris la mise à feu en grandissant dans le chaudron uzestois, petit village de la forêt des Landes, où la Compagnie Lubat organise un festival multicéphal de musiques, théâtre, philosophie, rencontre, débats houleux, pyrotechnie, bal…et qui a comme principe fondateur l’improvisation.
Là bas, on (c’est qui on ? c’est facile d’écrire on dans une biographie digeste, on gagne du temps avec un on) a eu a cœur de lui transmettre le jazz, l’improvisation et le saut dans le vide devant public mais aussi une manière de mettre en scène un festival, comme un opéra de plusieurs jours aux multiples actes, avec ses respirations et ses moments incandescents.
Ils ont été toute une génération de jeunes uzestois à être embarqués en tournée dès l’adolescence, dans les festivals, les fêtes de l’huma et les théâtres ouverts l’hiver.
On (toujours ce mystérieux on digestif) leur a aussi fait confiance pour participer à l’organisation et la programmation du festival d’Uzeste, ils y ont fait leur premiers spectacles, les premiers textes écrits, les premiers dispositifs de jeu etc..
Leur et pas Lui car l’apprentissage de la musique et du spectacle, Louis ne peux le penser ou s’en souvenir qu’avec ses camarades d’enfance avec qui il a grandi artistiquement et humainement.
Aujourd’hui, ils (là c’est clair c’est affirmatif on sait qui sont ce lls, les camarades uzestois) sont réuni et largement agrandi dans le parti Collectif, collectif hyper-actif de musique, théâtre et chapiteau qui multiplie les expériences: P.L.I (projet de longue implantation), P.E.U (parcours exploratoire d’usage) les spectacles dehors ou sous chapiteau: FÊTE FÊTE, Les Inconsolés et les tournées de concert : Le Bal Chaloupé, Specib, RITA RITA etc….
Par ailleurs Louis collabore au long cours avec le metteur en scène Adrien Béal comme comédien, ou assistant à la mise en scène et avec la Crida Company comme interprète circassien porteur et jongleur (deuxième petite exagération de cette biographie, après il faut dire que je dis lui quand je devrais dire je puisque même si je est un autre on peut se dire entre nous, nous sommes bien entre nous la non ? Je veux dire par nous les gens qui vont voire le site de la FAI-AR et qui ensuite clique sur « promotion en cours » et puis ensuite clique sur assez d’apprentis au hasard pour voir « mais quelle gueule elle a cette 10ème promo ? », « whaou 10ème promo mais alors ça fait 20 ans que ça existe la FAI-AR, oulalalala j’avais quel âge moi y’a vingt ans ? » donc entre nous, je dois vous avouer que ce n’est pas un on qui écrit ces mots mais je/louis).
Je/Louis est donc à la FAI-AR pour poursuivre la recherche, faire des pas vers et continuer de se questionner sur : c’est qui nous ? c’est un on et des ils ou plusieurs je ? C’est contre quel Ils qu’on est un nous ?
Je/Louis ne sait pas et ne compte pas le savoir mais plutôt avec les spectacles continuer de chercher des manières inédites de se poser la question.
Ah et quand même le dire Je/Louis envers et contre tout fait de la batterie, parce que c’est par là qu’il a commencé et que même si l’écriture et la mise en scène remplissent de plus en plus son temps et son esprit la musique est pour toujours son moyen de transport dans l’existence.
C’est oui (titre provisoire)
C’est oui (titre provisoire) est le Projet Personnel de Création porté par Louis, entre septembre 2024 et mai 2025, dans le cadre de la formation supérieure.
L’interview ci-dessous a été réalisée et retranscrite en mai 2025 par Julie Bordenave.
À l’issue d’implantation menée durant trois ans dans le quartier de Beutre en banlieue bordelaise, avec ses condisciples du Parti Collectif, Louis Lubat creuse un questionnement sur les manières de faire communauté autour de règles auto édictées : différences entre loi et usages, rapport à la tradition et au monde extérieur, oppression subie ou exercée… C’est oui resserre son propos autour du mariage, un rituel qui perdure à travers les époques, véhiculant des invariants implicites mais permettant aussi de réinterroger ses enjeux fluctuants : institution étonnamment intemporelle, singulier contrat social et culturel hissant l’intime au rang de collectif, véritable parole performative éditée devant un public assemblé, mise en scène du consentement, cérémonie en costumes venant sceller une libre alliance ou transaction commerciale, ordre à perpétuer ou à subvertir…
La proposition tricote avec les espaces-temps, tirant des fils narratifs entre deux récits qui s’entrecroisent : à Beutre, des habitants nostalgiques d’une époque révolue reconstituent l’ultime mariage qu’a accueilli leur centre social avant sa destruction. Cette fiction est mise en relation avec un petit village en Russie de la fin du XIXe siècle, inspirée de l’imagerie de Tchekhov. Faire se répondre les époques, étudier ce qui relie et sépare un quartier populaire contemporain d’un village de la paysannerie russe prérévolutionnaire – rapport à la tradition, résistance à l’oppression… En filigrane, une mise en abyme ludique sur les enjeux du théâtre en train de se faire, englobant la posture des comédiens eux-mêmes, sans oublier celle du spectateur. Agrémenté de quelques accessoires forts – une banderole rouge taillée dans du tulle comme le voile de mariée, un code couleur blanc et rouge -, la scénographie fluidifie les échanges, de regards comme d’idées. En face d’un gradin, quelques tables de banquet font comme un 360 autour de l’espace de jeu et proposent au public d’incarner, tour à tour et presque à son insu, différentes entités suivant les époques qui se succèdent. Au coeur du propos : mettre en partage questions sans réponse et énigmes irrésolues, impliquer de concert publics et comédiens, via une adresse assez directe visant à faire circuler la réflexion. Conviviale, la forme circulaire ménage d’intenses moments de respiration autour de la musique occitane – une autre tradition souterraine qui circule. La proposition emprunte aussi à l’esthétique cabaret, pour mieux transiter entre les époques. Et tout s’achève par un bal !
Quelles dimensions vous intéressent particulièrement dans la création en espace public ?
La question du dispositif, la manière dont on organise les regards : cela m’intéresse de mettre en jeu avec l’auditoire la dimension fictionnelle de ce qui se déroule sous ses yeux. L’espace public permet un jeu sur les échelles, une variation de focale particulière. Durant 2 ans, j’ai approfondi ma réflexion sur la manière dont on regarde un immeuble, une rue, une montagne, mais aussi son voisin… J’ai aussi à coeur de dépasser un certain entre soi, d’outrepasser les codes du registre militant pour porter sur la place publique des questions auxquelles nous n’avons pas de réponse. Y aborder des sujets qui nous déplacent tous, au-delà d’un prosélytisme qui prêche un parterre de convaincus.
De quelle manière votre approche dans ce domaine a-t-elle évolué au cours de la formation ?
Après avoir expérimenté des spectacles à haute énergie, j’avais envie de creuser d’autres dramaturgies, de préciser des questionnements, de me décaler pour le moment des formes spectaculairement spectaculaires qui, dans l’époque, sont souvent programmées dans un cadre événementiel ou de cérémonies mémorielles. J’ai aussi pu éprouver une autre façon de fabriquer, de faire travailler des interprètes en contexte.
Quelles prochaines étapes envisagez-vous pour la suite de votre travail de création ?
La première est prévue au festival Furies, à Châlons-en-Champagne, en juin 2026. D’ici là, je dois finir l’écriture du texte. Pour ça je prévois, entre autres, de retourner à Beutre me brancher à la source de cette aventure (même si je précise que l’écriture n’est pas directement documentaire). Ensuite, nous répèterons en expérimentant le texte dans différents contextes et espaces pour trouver ce qui est le plus dur et le plus beau : le rapport juste entre joueurs et spectateurs.
Présentation vidéo du projet
Interview et captation vidéo réalisées lors des Esquisses, en mai 2025.
Ces Esquisses sont des présentations de maquettes des Projets Personnels de Création menés pendant la formation supérieure de la FAI-AR.
Photo projet : ©FAI-AR | Texte projet : ©Julie Bordenave | Vidéo esquisse : ©Smelly Dog Films