Quelques questions à Jean-Sébastien Steil à propos de Massimo Furlan : parrain de la nouvelle promotion

Publié le 9 septembre 2021 dans Formation supérieure

La FAI-AR accueille la nouvelle promotion de la formation supérieure : la promotion Massimo Furlan. Pour mieux comprendre le rôle du parrain durant ces deux années de formation, Jean-Sébastien Steil, directeur de la FAI-AR, nous éclaire là-dessus :

  • Quel est le rôle du parrain durant ces deux années de formation ?

Le rôle du parrain à la FAI-AR revêt deux dimensions : l’une symbolique et l’autre de l’ordre de la rencontre. Le parrain incarne symboliquement le principe de transmission comme dans les traditions religieuses ou laïques. Le parrain est le passeur entre un impétrant et la communauté qui l’accueille, ici la communauté artistique. Au-delà du rôle symbolique, le parrain a aussi un rôle de référence. Il incarne par son expérience, par son travail, une exigence, une implication. Les apprenti·e·s peuvent échanger avec lui, partager des réflexions sur le rôle d’un artiste dans un monde en mutation, s’identifier à son parcours.

 

  • Quelle est la première intention qui a guidé le choix de Massimo Furlan, figure marquante de la scène suisse, comme parrain de la nouvelle promotion de la FAI-AR ?

 Massimo Furlan représente une ouverture sur la scène contemporaine européenne.

Artiste protéiforme, il est à la fois comédien, metteur en scène, performeur, à la croisée des arts visuels et du théâtre, en salle comme en espace public. Son aptitude à la transdisciplinarité est inspirante pour de jeunes artistes en formation d’horizons divers, amenés à travailler ensemble.

Massimo mobilise dans son travail ses propres références imaginaires, puisées dans les médias de masse et la culture populaire. Son approche est pleine de tendresse et d’humour, sans bercer dans la caricature ni dans l’ironie. Il affirme un respect profond pour les cultures populaires qu’il traite à partir des signes qu’elles produisent, pris pour ce qu’ils représentent collectivement, sans nostalgie ni condescendance.

 

  • Quels éléments marquants du parcours de Massimo Furlan peuvent inspirer la nouvelle promotion d’un point de vue artistique et professionnel ?

Massimo Furlan explore la pensée contemporaine en évitant toute forme d’intellectualisme, notamment dans la pièce les Héros de la pensée qui réunit des intellectuels poursuivant une conversation jusqu’à l’épuisement, sur le modèle des concours de danse d’endurance.

La FAI-AR se retrouve dans ce plaisir à réunir des mondes en apparence incompatibles, à franchir et à transgresser les cloisonnements qui séparent : le corps et l’esprit, l’idée et la matière, la nature et la culture, la pensée et la création artistique, les cultures populaires et les arts contemporains, les arts de la scène et les arts visuels… Massimo incarne une éthique du franchissement et du décloisonnement, fondamentalement en phase avec les principes d’action qui guident le travail de la FAI-AR.

 

Biographie de Massimo Furlan

Massimo Furlan crée en 2003 la Compagnie Numero23Prod, et commence à développer un travail scénique et performatif. A ses débuts, son travail s’inspire de ses souvenirs d’enfance: il part de son histoire personnelle pour toucher à la mémoire collective, des ses premiers  projets comme Gran Canyon Solitude (2003), (love story) Superman (2004), Paolo Alto (2006), Les filles et les garçons (2007). Parallèlement à ses projets scéniques, il s’engage dans le champ de la performance in situ ou dans l’espace public  avec des projets comme  N°10 crée dans des stades de foot, International Airport à l’Aeroport de Geneve, Tunnel au Tunnel du Grand Saint Bernard, les Blue Tired Heroes puis dernièrement les projets Travelling présentés dans plusieurs pays européens, ou dernièrement Dans la Forêt. Dès 2008, avec Claire de Ribaupierre, dramaturge, il invente des protocoles et des dispositifs de paroles singuliers, dans le cadre de projets comme Chanteur plutôt qu’acteur (2008), Les Héros de la pensée (2012-2018), Après la fin, le Congrès (2015), Le Concours européen de la chanson philosophique (2019) qui font intervenir des penseurs et penseuses sur scène. Claire de Ribaupierre a fait des études de Lettres et un doctorat en littérature contemporaine et mène des recherches dans les domaines de l’anthropologie, de l’image et de la littérature. Elle enseigne la méthodologie, la dramaturgie et l’anthropologie à La Manufacture – Haute école des arts de la scène, dans le cadre du Bachelor théâtre et danse. En 2017, avec le soutien du Théâtre de Vidy, le travail de la compagnie s’ouvre à une dimension documentaire, qui fait intervenir des actrices et acteurs non professionnels, villageoises et villageois du pays basque pour le projet Hospitalités, en 2017, ou travailleurs émigrés pour Les Italiens en 2019. Cette démarche qui pose la question de qui est sur scène, et qui raconte, se poursuit avec des projets comme Avec l’animal (2022), Les feux (2023), ou Dans la terre (2024) questionnant les gestes et les savoir faire.