Émettrice-réceptrice

Marion
Pastor

Comédienne, Marion Pastor apprend l’art dramatique dans des conservatoires d’arrondissements parisiens, puis se forme à l’ENSATT de Lyon de 2013 à 2016. Elle explore d’autres espaces de représentation et éprouve l’espace public dès 2011, en jouant un Cyrano itinérant dans un prieuré, en chuchotant des poèmes le long du Rhône à bord de vélos pousse-pousse et en appréhendant un théâtre de l’invisible dans le métro. En 2014, elle participe au workshop Speaking site specific avec la chorégraphe danoise Charlotte Munksø. Elle a récemment collaboré à une performance autour du Panthéon avec le Collectif BIM.

Intention artistique

En entrant à la FAI-AR, Marion Pastor cherche à confronter sa formation classique à d’autres espaces et modes de relation. Souhaitant faire du théâtre une expérience sensible, elle explore des rapports inédits à l’espace et à la matière, pour inventer d’atypiques dispositifs et protocoles d’adresse au public, offrant une interaction possible entre spectateurs et acteurs. Durant son cursus, elle apprend notamment à construire à partir d’intuitions, se laissant happer par des images fortes pour laisser émerger un propos. Elle expérimente aussi le travail plastique et s’autorise un pas vers la performance. Ses axes de recherche portent sur l’objectification de l’être humain : la captivité, l’interaction entre victime et bourreau, les rapports de force à l’œuvre dans la servitude volontaire, l’autocensure et l’inhibition.

En point de mire dans ses créations, la nécessaire émancipation, à s’autoriser ou à conquérir, s’exprime jusque dans la responsabilité qui incombe au public. Attachée à la polysémie, elle met en jeu des symboles forts qui prennent sens dans leur accumulation, véhiculant des résonances universelles, tout en laissant une marge d’interprétation assez tangible pour instaurer une certaine tension avec le public.

Avec À modeler, elle incarne une sibylline femme glaise, dont la posture, voire la simple présence, nous interroge. Fondue dans le décor urbain, cette fausse statue d’argile se meut, et la carte postale se déforme peu à peu. À vous de voir ce qu’elle attend de vous… Cette installation vivante questionne le paradoxe de l’autonomie et de l’interdépendance, les injonctions sociales autant que les forces intimes, invisibles et inconscientes, qui nous régissent. Tout en cherchant à convoquer l’espoir, seul moteur de nos vies.

TUTRICE / Natacha Kmarin, interprète, metteuse en scène, formatrice, coach artistique

Textes de Julie Bordenave.