Auteure chorégraphique sous influences

Marie-Yvonne
Capdeville

J’ai six ans et décide : adulte, je porterai des tutus blanc et danserai Le Lac des cygnes. Et puis je veux être astronaute, parce que je suis certaine que près des étoiles, le temps n’existe plus. Je n’ai pas la patience d’attendre la fin de l’année pour construire la fusée avec le club mini fusée du collège, alors la peur des mathématiques et ma fascination pour les grands ballets du répertoire l’emportent.
Disparu mon goût de l’aventure spatiale.
Je me forme à la danse classique et puis je lui préfère la sensation de la gravité et les pieds nus de la danse contemporaine. J’ai 18 ans, suis interprète pour Raimund Hoghe et prends conscience que la présence et bien plus intéressante que la prouesse, que danser, c’est parfois rester debout face au public et ne pas bouger. Et puis je veux sortir de la salle, je ne trouve plus de sens à me mouvoir devant l’immense trou noir qu’est l’espace spectatoriel d’un théâtre. De collaborations en écritures en espace non dédié à la représentation, l’envie d’écrire des propositions où les regards se croisent, où l’on se touche parfois est de plus en plus grande. Alors je rentre à la FAI-AR à Marseille. J’y développe l’écriture textuelle dans laquelle je me sens plus juste, plus sincère que dans l’écriture du mouvement. Puis j’approfondis la question de la dramaturgie en master à l’ENS, plus loin de la mer, à Lyon.
2020 // objectif : raconter des histoires de vie, dans des lieux de vie* Parcours de création /dernier projet :
Laissant le mouvement du corps se glisser dans les mots, la création Tes bras les soirs d’orage, aborde la question de l’adoption à travers une histoire intime et familiale.

Intention artistique

Auprès de Raimund Hoghe, Marie Yvonne Capdeville apprend une danse basée sur la présence et le regard, préférant le geste au mouvement, l’incarnation à la virtuosité. Ces pratiques irriguent ses propres recherches autour des questions de racines et d’attachement, de mémoire et d’identité. À l’aise dans les espaces non dédiés, qui permettent de déjouer le rapport hiérarchique instauré par la scène, elle recherche une proximité avec le regardant, dans la mise à nu d’un être sensible dépassant la monstration du beau geste. À la FAI-AR, elle apprend à cerner les contours de son propre discours artistique, et à apprivoiser sa pratique de l’écriture, qui vient enrichir son langage corporel. Elle y confirme aussi une prédilection pour les projets de territoire.

Aufholen naît d’une nécessité d’aller chercher à l’intérieur de soi pour donner à voir ce que provoque la relation à deux : la dépendance émotionnelle, l’attachement à l’autre, la mise en jeu de corps qui se cherchent, se confrontent, se pardonnent, se lient puis se détachent…

Au-delà de l’univocité de la relation affective, il s’agit d’explorer toute la palette intime du lien dual, en accueillant la violence qui en découle parfois. Dans un espace évoquant tant le cloisonnement que l’intimité, délimitant l’urgence de l’instant présent, la danse emprunte au motif de la boucle ; le texte, déclaratif, à la scansion de la litanie.

Parallèlement, Marie Yvonne Capdeville mûrit un projet de territoire : Intimité publique, recueil de confidences autour de la thématique de l’amour. Dans le souci, sans cesse renouvelé, de donner à voir des êtres exprimer par le corps la fragilité et la vulnérabilité qui peut ravager tout individu.