Contacts

Comédienne, metteuse en scène

Cécile
Rutten



Textes écrits au printemps 2021 par Anaïs Heluin, pour un projet développé entre septembre 2020 et juin 2021 dans le cadre de la formation supérieure.

Biographie

Française, née en 1994. Formée au Conservatoire de Lille, également titulaire d’une licence en arts de la scène, Cécile Rutten commence par donner des ateliers théâtre à des enfants et des adolescent·e·s, tout en participant à la création de la compagnie Hej Hej Tak, avec laquelle elle travaille encore aujourd’hui. Son goût pour la danse la pousse à intégrer l’école de théâtre de mouvement LASAAD LASSA D (pédagogie Lecocq) à Bruxelles. Elle participe ensuite à des créations en espace public – notamment avec Johan Swartvagher des collectifs Protocole et Martine à la Plage, le GK Collective et la compagnie Fléchir le vide – et en salle en tant qu’interprète, metteure en scène ou regard extérieur. En 2018, elle rassemble une quinzaine d’artistes d’horizons divers pour un laboratoire consacré aux questions de l’habitat, de la communauté et de la rencontre. La même année lors du Festival d’Avignon, elle est intervenante théâtre pour l’association d’éducation populaire les CEMEA.




Retour sur le projet personnel de création

Pendant l’écriture de son projet personnel de création, Cécile a été accompagnée par
Guillaume Grisel, comédien.

Pour Cécile Rutten, le théâtre et les autres disciplines qu’elle aime à fréquenter et pratiquer – la danse et les arts plastiques, notamment –, doivent réveiller le quotidien. À la FAI-AR, elle apprend à développer en extérieur et dans tous types d’espaces non dédiés, un geste personnel qu’elle souhaite voir décaler légèrement le réel, y créer la surprise. Lorsqu’elle intègre la formation, elle a l’envie d’imaginer un spectacle à partir du livre La maison dans laquelle de Mariam Petrosyan, dont les héros sont des adolescent·e·s handicapé·e·s vivant depuis leur plus jeune âge dans une sorte de foyer. L’arrivée de la Covid la mène vers une autre direction : Plateforme bonjour.

L’origine de ce projet remonte au premier confinement, qui suscite chez Cécile Rutten l’urgence d’un rapport à l’Autre passant par l’espace public. Un soir à Angers, au lieu de sortir crier dans la rue comme le lui dictent sa tristesse et son envie d’en découdre avec la situation, elle commence à accrocher à l’aide de pinces à linge des phrases dans les rues, sur les places. Lesquelles, jour après jour, sont complétés par d’autres personnes. Cette réaction spontanée répond aux attentes de rencontre, d’imprévu que l’artiste nourrit à l’endroit des arts en espace public. Elle décide d’en faire le point de départ d’une création, Plateforme bonjour, qu’elle souhaite développer sur un temps long.

Nourrie par une réflexion sur la nécessité de transformer les modes de production et de diffusion du spectacle vivant, Plateforme bonjour commence par attirer la curiosité avec de toutes petites choses déposées dans l’espace public. Nées d’une recherche plastique avec Vanille Dubost et d’un travail d’improvisation avec les trois comédien·e·s de la pièce – Morgane Cornet, Adrien Madinier et Solène Le Métayer qui ont tous déjà croisé les recherches de Cécile Rutten –, des images complètent bientôt les affichages, dans différents lieux de passage de la ville. Trois figures un peu maladroites, proches de celles d’un Jacques Tati, errent longtemps seules, et donnent parfois rendez-vous au public. Pleines de toutes les « petites merdouilles » que chacun s’acharne en général à cacher, elles incitent au dialogue, à la sincérité.