Chorégraphe qui donne du temps à l'espace

Sylvain
Sicaud

Après une brève carrière d’ingénieur puis de traducteur, il décide de se vouer au spectacle et cofonde en 2009 la compagnie Quelque Part. Lancé initialement dans la création vivante avec les arts du cirque, il s’est formé en danse contemporaine et contact improvisation en gardant un penchant pour les sauts et les chutes. Sensible à l’environnement et épris de numérique, il signe 100, chorégraphie à bicyclette, et http://www, triptyque de performances interactives. Suite à un voyage d’étude des danses  traditionnelles à Bali en 2011, il entame une recherche sur les rituels collectifs, qu’il cristallise en entrant à la FAI-AR. Il y ébauche une performance en boucle temporelle, Déjà Vu, et amorce une pédagogie du Corps Oscillant.

Intention artistique

Sa recherche artistique a été représentée par le projet de création Lola est neige – Résurgence sauvage lors du Panorama des chantiers de la 5e promotion du 11 au 13 mars 2015.

Lola est neige
Résurgence sauvage

Intéressé par la persistance des traditions et le sens des rituels disparus, Sylvain Sicaud axe ses recherches autour du peuple amérindien Selk’nam – décimé par la colonisation de la Terre de Feu courant XXe siècle –, après avoir découvert les écrits de l’ethnologue Anne Chapman. Il s’attache à créer un nouveau rituel collectif à partir du patrimoine immatériel (chants, récits de rituels, cosmogonie…) légué par Lola Kiepja, dernière descendante de cette ethnie, décédée en 1966. Dans un espace rappelant la forêt primaire, le public affine ses sens, chahutés par de subtiles perturbations : images furtives, musique spatialisée en sept points… L’apparition d’un danseur incite les spectateurs à créer une assemblée de « fidèles » autour de lui. Masqué, il campera tour à tour l’esprit d’une vieille femme possédée, ou le danseur contemporain qui se laisse traverser par la mémoire d’un peuple.
La composition sonore s’agence autour des chants de Lola Kiepja, enregistrés dans les années 60. Tout comme la chorégraphie, la musique inclut une part de réinterprétation contemporaine, créant un inédit syncrétisme culturel autour de ce patrimoine exhumé. Comment une culture peut-elle se perpétrer, quand elle se confronte à sa réappropriation par des individus exogènes ? En cherchant à faire revivre une « danse morte », Sylvain interroge la nécessité de préserver une diversité de cultures à l’échelle mondiale, à l’heure de la déforestation galopante. Il questionne aussi le rôle fédérateur du rituel dans une société, et la place du subterfuge, quand la complicité tacite du spectateur est requise pour l’accomplissement d’une cérémonie, comme d’une représentation théâtrale.

Tuteur : Mehdi Farajpour, chorégraphe, compagnie ORIANTHEATRE

Dans le cadre de la formation supérieure, Sylvain Sicaud a effectué un stage artistique au sein de la compagnie Acte Annick Charlot. Son voyage d’étude s’est déroulé au Rwanda.