Comédien sans frontière

Pierre-Louis
Gallo

Né en 1984 juste avant Tchernobyl, il quitte les collines périgourdines pour mener des études d’histoire et de théâtre à Paris. Il se dote d’un CFA de comédien, arpente le Boulevard du Crime, et navigue entre plusieurs collectifs de la Bavière à l’Argentine. Aspiré par la rue, il devient meneur de trame et se met à parler la langue des hommes. Celle des militants paysans du Kreizh Breizh puis celle des vrais aveyronnais. Depuis l’arpenteur est à Marseille, il cherche l’accent et enquête dans les interstices du langage réel et imaginé. Son écriture joue des frontières entre le théâtre, l’anthropologie et la vie, et met en relation des récits fictionnels, des habitants et des lieux sensibles.

Intention artistique

Sa recherche artistique a été représentée par le projet de création Cha ô. Faut y aller pour en avoir le cœur net lors du Panorama des chantiers de la 5e promotion du 11 au 13 mars 2015.

Cha ô
Faut y aller pour en avoir le cœur net

Pierre-Louis Gallo lit le territoire au prisme de son imaginaire touffu. Dans chaque nouveau lieu, les éléments immuables d’un canevas narratif guident sa quête : la figure d’un indien exilé, révolté atemporel ; un château (réel, en ruines, symbolique…), dissimulé entre collines ou vallées… Ces archétypes, à traquer sur chaque territoire, sont circonscrits dans une zone délimitée par des frontières plus ou moins visibles, une enclave dans la cité : le Cha ô, qui peut se lire phonétiquement comme un château qui aurait fait choir son « T », ou comme l’annonce d’un chaos passé ou à venir. Le Cha ô se présente comme un espace temps propice aux bugs de toutes sortes : micro perturbations, troubles du langage comme de la perception, résurgences des époques passées, faisant vaciller la rationalité. C’est dans cette zone que l’arpenteur emmène sur ses pas un groupe de spectateurs, pour déployer son récit à partir d’une trame établie en repérage. Des complices, établis ou impromptus, peuvent donner un tour inattendu au parcours. L’histoire se construit alors de manière collective et subjective, à la manière d’un cadavre exquis vivant. Pierre-Louis a plusieurs outils dans sa besace d’arpenteur : explorations sous contraintes, collecte de témoignages, du parlé propre à un lieu à l’instant T, compilation d’errances passées (Marseille, Suisse, Tunisie…). Ici, la récolte passe toujours par l’oralité. C’est l’empreinte locale de l’humain (expressions, légendes urbaines…) sur un paysage qui l’intéresse. Ce « réservoir mythologique des lieux » ainsi constitué s’agrémente de jeux sur la langue (distorsion de mots, allitérations, élisions…), qui donnent une coloration poétique et fantasque à ses récits in situ. L’artiste s’attache à ne jamais faire tomber la mystification, même lors de ses repérages en solo. Il impulse ainsi chez ses interlocuteurs une disponibilité mentale apte à délier l’imaginaire, propice à l’écriture d’un récit collectif qui relie époques et territoires de manière subliminale.

Tuteur : Stéphane Bonnard, co-directeur artistique, compagnie KompleX KapharnaüM

Dans le cadre de la formation supérieure, Pierre-Louis Gallo a effectué un stage artistique au sein de l’Agence Touriste, du collectif Na Capa Tanta et de KompleXKapharnaüM.